Ordres et Décorations > Légion d'Honneur


Historique



Création de la Légion d'honneur


Entre 1791 et 1793, la Révolution supprima toutes les distinctions. Le Consulat, par arrêté du 4 nivôse an VIII (25 décembre 1799) complété par l'arrêté du 21 thermidor an IX (9 août 1801) institua les armes d'honneur afin de distinguer les soldats ayant accompli une action d'éclat. Ces armes, garnies en argent, portaient une inscription nominative et leur attribution donnait droit à un supplément de paie. Ce système de récompenses ne s'adressant qu'aux militaires, la France ne possédait plus de système de récompenses complet. Bonaparte, conscient de la nécessité de rétablir ce principe, envisagea début 1802 de créer une institution qui porterait le nom de Légion d'honneur. La Légion d'honneur s'inscrit dans le programme de réorganisation de la Nation, au même titre que le code civil, le Conseil d'Etat, la Cour des Comptes, le corps préfectoral, et les grandes écoles...

« Je défie, déclarait le Premier Consul, qu'on me montre une République ancienne ou moderne dans laquelle il n'y a pas eu de distinctions (...). Les Français (...) n'ont qu'un sentiment, l'honneur. Il leur faut donc donner un aliment à ce sentiment-là ; il leur faut des distinctions. » Le 29 floréal an X (19 mai 1802), fut promulguée la loi portant création et organisation de la Légion d'honneur, après avoir été adoptée par le Corps législatif par 166 voix sur 276 votants.

La nouvelle Institution se voulait un corps d'élite destiné à réunir le courage des militaires aux talents des civils, formant ainsi la base d'une nouvelle société au service de la Nation. Le 14 floréal an X (4 mai 1802), Bonaparte déclarait en effet au Conseil d'Etat : "Si l'on distinguait les hommes en militaires ou en civils, on établirait deux Ordres tandis qu'il n'y a qu'une Nation. Si l'on ne décernait des honneurs qu'aux militaires, cette préférence serait encore pire car, alors, la Nation ne serait plus rien."

A sa création, la Légion d'honneur était composée de quatre grades (légionnaire, officier, commandant, grand officier). La dignité de grand aigle ou grande décoration ne fut créée qu'en 1805 (30 janvier). Hors action d'éclat, une durée de services de vingt-cinq ans fut requise tant pour les services militaires en temps de paix, que pour les les fonctions civiles. Les titulaires de la Légion d'honneur après réception d'une lettre d'avis, devaient prêter serment. Ils le firent à la République, puis à l'Empire après la proclamation du régime le 29 floréal an XII (19 mai 1804). Selon le texte de création, l'Institution devait être administrée par un grand conseil, qui nommait le Grand Chancelier. Dans les faits, l'Empereur dirigea lui-même l'Institution qu'il avait imaginée, assisté jusqu'aux Cent-Jours compris, par le comte de Lacépède, naturaliste, nommé Grand Chancelier le 26 thermidor an XI (14 août 1803).

Le siège de l'Institution fut fixé au palais de Salm, acheté à cet effet le 13 floréal an XII (3 mai 1804). Il s'y trouve encore aujourd'hui.

Les premières remises d'insignes

Les premiers décrets de nomination de légionnaires furent publiés dès septembre 1803. Napoléon attendit d'être Empereur pour fixer par décret, le 22 messidor an XII (11 juillet 1804), les insignes de la Légion d'honneur : une étoile d'argent pour les légionnaires, d'or pour les autres grades. Le 15 juillet 1804 l'Empereur procéda à la première remise des insignes dans la chapelle des Invalides au cours d'une fastueuse cérémonie officielle, la première du régime. Entouré des grands dignitaires de l'Etat, il reçut le serment des Grands Officiers de la Légion d'honneur puis de toute l'assemblée : maréchaux, invalides, soldats mais aussi savants, écrivains et artistes.

Après avoir reçu lui-même une aigle d'argent et une aigle d'or des mains de son frère Louis, grand connétable, Napoléon décora lui même les membres de l'Institution, appelés par ordre alphabétique, en signe d'égalité entre les citoyens.

La deuxième cérémonie fut plus particulièrement destinée aux militaires titulaires d'armes d'honneur, membres de droit de la Légion d'honneur. Ils reçurent leur décoration au camp de Boulogne, quartier général de l'armée des Côtes groupée en vue d'un débarquement en Angleterre, le 16 août 1804, au milieu d'un extraordinaire déploiement de forces et selon un cérémonial grandiose. Un monument commémoratif, la colonne de la Grande Armée, fut érigé sur les lieux dans le vallon de Terlincthun.

La Restauration

Dès 1814, Louis XVIII rétablit les ordres royaux, mais conserva la Légion d'honneur. Après les Cent-Jours, le maréchal MacDonald, Grand Chancelier prit en main la restructuration de ce qui devenait l'Ordre royal de la Légion d'honneur réglementé par l'ordonnance du 26 mars 1816, texte fondamental dont certains articles sont encore d'actualité.

C'est alors qu'apparurent les brevets et que furent fixés les noms des grades et dignités tels qu'ils existent encore de nos jours : Chevalier, Officier, Commandeur, Grand Officier et Grand'Croix ainsi que la manière pour chacun de porter les insignes.

Les conflits du XXe siècle

La Première Guerre mondiale marqua un tournant important dans l'histoire de l'Ordre. Afin de récompenser l'héroïsme des combattants et de réconforter les familles, de nouveaux titres de nomination apparurent : tableau spécial, législation sur les mutilés de guerre, titres posthumes. Ces dérogations furent reconduites pendant la Seconde Guerre mondiale et maintenues pour les conflits d'Indochine et d'Algérie. Elles sont à l'origine d'un gonflement inéluctable des effectifs (300.000 membres vivants en 1958).

La V ème République

Le code en date du 28 novembre 1962 restitua à l'Ordre toute la fermeté de ses caractères originaux en l'adaptant au monde contemporain. Il forme le socle définitif de l'Institution. L'application des directives du code sera facilitée par la création de l'Ordre National du Mérite, le 3 décembre 1963, qui vint simplifier le système de décorations français. En permettant de mieux graduer la notion de récompense, il renforca encore le prestige du premier Ordre National.


Le XXe siècle vit s'étendre la diversité des activités récompensées ; l'Ordre est ainsi devenu une Institution ouverte et représentative de l'élite vivante d'un pays moderne.

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