La Société des membres de la Légion d'honneur au Liban (SMLH) a organisé à l'ATCL de Kaslik sa cérémonie annuelle en hommage aux anciens combattants de l'armée française résidant au Liban. Le grand chancelier de la Légion d'honneur française, le général d'armée Jean-Louis Georgelin, a effectué à cette occasion, à la fin de la semaine dernière, une visite à Beyrouth au cours de laquelle il a été notamment reçu par le Premier ministre Tammam Salam.
Étaient présents à la cérémonie de Kaslik l'ambassadeur de France, Patrice Paoli, le ministre de l'Information Ramzi Jreige, Mme Christiane Kammermann, membre du Sénat français, le président d'honneur de la Société des membres de la Légion d'honneur au Liban, l'ancien ministre Michel Eddé, le président de la SMLH, l'ancien ministre cheikh Michel el-Khoury, l'évêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, le président de la Ligue maronite, l'émir Samir Abillama, le brigadier Saad Jundi, représentant le commandant de l'armée, le général Jean Kahwagi, le colonel Johny Dagher, représentant le directeur général des FSI, le président des anciens des forces armées, le brigadier Mahmoud Tay Abou Dargham, ainsi que des officiers supérieurs de la Finul et les responsables de la SMLH.
Cheikh el- KhouryDans une allocution prononcée à cette occasion, le président de la SMLH, cheikh Michel el-Khoury, a dressé un tableau des relations entre la France et le Liban durant l'époque contemporaine.
Il a souligné l'importance de la visite du General Georgelin, en disant: " Général, votre visite ne peut être regardée comme une simple étape d'une tournée que le grand patron de l'ordre le plus prestigieux de France effectue auprès de ses branches de l'étranger. Parce que notre pays a tissé depuis bien longtemps des liens indéfectibles avec le vôtre bien avant que le général Henri Gouraud ne l'eût porté sur les fonts baptismaux en 1920."
Il a ajoute: "Général, la France s'est toujours tenue aux côtés du Liban lorsqu'il était en difficulté. Le contingent français est essentiel au sein de la Finul, mise en place par les résolutions 425 et 426 du Conseil de sécurité de l'Onu en mars 1978, à la suite de l'escalade de la violence le long de la frontière israélo-libanaise, escalade qui avait culminé avec l'invasion du Liban par l'armée de l'État hébreu. Sa mission a été élargie et ses effectifs augmentés après la guerre de juillet-août 2006"
En regard é la guerre en Syrie, Cheikh el-Khoury a declaré: "A notre frontière nord et nord-est, des groupes de jihadistes qui combattaient en Syrie ont retourné leurs armes contre notre territoire. Ils tentent de nous entraîner dans le conflit qui les oppose au régime de Damas. L'armée libanaise a réussi jusqu'à présent, au prix de lourds sacrifices, à repousser les attaques de ces bandes dont l'armement est parfois supérieur au sien, tout comme elle a éventé des tentatives d'attentat de leur part visant à provoquer des troubles à caractère confessionnel au Liban. C'est pourquoi l'aide en matériel militaire que la France a décidé de nous fournir répond à un besoin vital du Liban, "ce petit pays si important", selon le mot du prince Klemens Metternich.
« Une autre difficulté à laquelle fait face le Liban, et qui est encore plus lourde de conséquences pour sa stabilité pour la pérennité de son système politique, pour la cohésion nationale, pour l'entente des dix-huit communautés religieuses qui composent le peuple libanais, résulte de la paralysie qui frappe l'Assemblée nationale. Du fait d'un concours de circonstances sur le triple plan local, régional et international, la Chambre des députés ne parvient pas à élire un successeur au président de la République Michel Sleiman, dont le mandat a expiré il y a presque dix mois. Dans cette difficile conjoncture, la diplomatie française déploie également ses moyens pour nous aider à rechercher des solutions. »
pour lire le text integral cliquez iciL'Ambassadeur PaoliL'ambassadeur de France, Patrice Paoli, a également mis l'accent sur la solidité des liens entre la France et le Liban, évoquant dans ce cadre le rôle joué par son pays pour venir en aide au Liban dans tous les domaines, plus particulièrement à l'ombre des circonstances difficiles auxquelles est confronté le pays du Cèdre du fait des guerres qui ébranlent la région. M. Paoli a relevé sur ce plan que l'aide française se poursuit, notamment en ce qui concerne le renforcement de l'armée. Il a précisé à ce propos que la première partie de l'équipement militaire, financé par le don saoudien, sera très prochainement livrée à la troupe.
Le général GeorgelinPrenant à son tour la parole, le général Jean-Louis Georgelin a déclaré : « La France et le Liban sont liés par les armes depuis un siècle (j'en reste ici à l'époque contemporaine, je ne remonte pas aux croisades). On sait en effet que certains soldats libanais ont servi pendant la Première Guerre mondiale avec les Français contre l'Empire ottoman, puis côte à côte pendant le mandat de protectorat qu'exerça la France; ensuite pendant la Seconde Guerre mondiale, puis lors des guerres d'Indochine et d'Algérie ; aujourd'hui encore dans les rangs de la Finul dont je salue le chef d'état-major, le général Hautecloque. »
Et d'ajouter : « La période actuelle de commémorations de la libération de la France nous invite à exprimer particulièrement notre reconnaissance à ceux qui se sont battus et ont donné leur vie pour cette cause. Je voudrais ici saluer notamment la mémoire du général Catroux, pour deux raisons. On sait en premier lieu qu'il fut haut-commissaire au Levant pendant la Seconde Guerre mondiale après avoir fait partie de la Mission française de cette région. C'est en tant que tel qu'il proclama l'indépendance du Liban. En second lieu – et c'est un fait sans doute moins connu – le général Catroux fut grand chancelier de la Légion d'honneur pendant 15 ans. Il eut une importance considérable sur les distinctions françaises car c'est lui qui incita le général de Gaulle à la fin des années 1950 à une grande réforme qui déboucha notamment sur le code de la Légion d'honneur qui régit l'ordre aujourd'hui et sur la création de l'ordre national du Mérite. »
« J'ai dit tout à l'heure que la France et le Liban étaient liés par les armes et par l'histoire. Venons-en à notre époque. J'ai procédé à l'analyse des Libanais décorés de la Légion d'honneur et de l'ordre national du Mérite depuis 20 ans. Ils sont au nombre de 178 : 51 sont hauts fonctionnaires ou élus, 29 sont officiers, 19 sont diplomates, 36 appartiennent au milieu des affaires, 16 à celui de la santé et de l'humanitaire, 9 sont des religieux, 18 sont universitaires ou appartiennent au milieu de la culture. Ces quelques chiffres illustrent la diversité d'activité des décorés libanais et par là même la multiplicité des relations que nous entretenons au plus haut niveau de nos États, dans la défense et la sécurité, mais aussi par notre coopération économique, nos liens culturels, par la francophilie et la francophonie des Libanais, à laquelle vous contribuez grandement Monsieur le Ministre Eddé. »