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Le prix annuel Elias Hraoui attribué au président de la Fondation maronite dans le monde Michel Eddé, un maronite pour le Liban
2013-07-05
Le prix  « Liban du pacte »  attribué annuellement par la Fondation Elias Hraoui,  a été remis hier à Michel Eddé, au cours d’une cérémonie organisée au domicile du chef de l’Etat disparu, à Yarzé, en présence  de Mme Wafa Sleiman, représentant le chef de l’Etat,  de Abdel Latif Zein et de Nicolas Nahas,  représentants le président de la Chambre et le président du  Conseil des ministres, du Premier ministre désigné, Tammam Salam, des patriarches Béchara Raï et Nasrallah Sfeir et d’une aréopage politique, diplomatique, bancaire et social  de haut vol.

Le lauréat s’inscrit dans une lignée qui comprend déjà  Antoine Messarra, Hassan Rifaï, Ghassan Tuéni, le patriarche Sfeir, Fouad Boutros et Nabih Berry.

En parlant d’un autre et de ce qui nous touche en eux,  on laisse  transparaître souvent ses propres choix. Et  c’est en parlant d’Elias Hraoui, après avoir écouté Camille Menassa, Abbas Halabi et Mona Hraoui, que  Michel Eddé a un peu dressé  son autoportrait.

Ministre de la Culture en 1992, sous le mandat du président Hraoui,  son voisin à Yarzé,  Michel Eddé  l’a décrit comme étant « le président du passage des mini-Etats à l’Etat », d’un homme qui a su « prendre des choix stratégique courageux » et persévérer dans leur accomplissement.

Au sortir de la guerre de 1975-1990, le président Hraoui a  reçu un Liban « démembré », il l’a transmis à son successeur, le président Emile Lahoud  comme « un corps bien en vie », a-t-il rappelé.

Mais le grand mérite de l’ancien chef de l’Etat, c’est d’avoir refusé de restituer aux Libanais « l’Etat du n’importe quoi », a dit Michel Eddé, mais de s’être efforcé de leur restituer un Etat démocratique.

« C’était le choix difficile, la voie étroite, mais il l’a prise (…) Il a compris que, sans la démocratie,  le Liban aurait été perdu et se serait transformé en un corps dans vie», a-t-il insisté.

Elias Hraoui, a repris Michel  Eddé, en substance, aurait pu céder à la tentation  d’instaurer un Etat autocratique, dictatorial  ou à un régime de type « franchement militaire », une voie qui a tenté de  nombreux pays qui avaient vécu  de moins grandes épreuves que celles du Liban, et qui ont pris prétexte des circonstances exceptionnelles dans lesquelles se faisait la reconstruction, « pour suspendre la Constitution et user de coercition et de répression, proclamer un état d’urgence ou imposer certaines formes d’autocratie  franche ou masquée ».
Mais aux yeux du président Hraoui,  ces méthodes  étaient étrangères  à ce qui faisait l’essence du Liban, savoir  « les libertés et la modération, le dialogue et l’échange ».

« Les Libanais j’en suis convaincu, saurons gré  a        u président Hraoui d’avoir préservé  la démocratie parlementaire, quelques soient les brèches et les erreurs qui ont pu être commises, et même les abus qui ont marqué ce processus, en particulier la déformation de la loi électorale et le décret de naturalisations de triste mémoire ».


« Le président Hraoui était conscient de ces brèches, a précisé M. Eddé, et il n’a pas cherché à nier certaines erreurs. Mais  il ne les a pas laissées  occulter la catastrophe qui se serait produite, en cas d’abandon de la démocratie ».

« Mais le rêve est la mémoire de ce qui vient, a conclu Michel Eddé. Abou Georges à quitté le pouvoir le cœur serré de n’avoir pas pu  offrir aux jeunes de son pays  l’option de se marier civilement, un rêve que le président Sleiman pourrait réaliser ».

IT/ La passion de l’histoire
C’est ce démocrate dans l’âme, cet homme de dialogue et de modération,   analyste à la mémoire infaillible et passionné du Liban et de l’histoire  que les trois autres orateurs de la soirée ont tenté de décrire. Tour à tour Camille Menassa, Abbas Halabi et Mona Hraoui  se sont efforcés de rendre hommage  à un homme et à une carrière publique difficilement  cernables en quelques lignes.

Camille Menassa, qui  a accompagné Michel Eddé au ministère de l’Information et à  L’Orient-Le Jour, a évoqué  en particulier son scrupuleux respect  « des principes sur lesquels repose  le Liban  contemporain : justice, égalité, égalité de chances à l’ombre d’une démocratie parlementaire ».

M. Menassa a également mis en évidence le Michel Eddé chrétien dont les aïeux ont construit, en 1888,  la cathédrale Saint-Georges, ce qui ne l’a pas empêché  d’approfondir, dans sa jeunesse, la pensée marxiste,  au point d’être affublé du sobriquet de « maronite rouge ».
L’intervenant signale aussi  le farouche antisionisme de ce « philosémite ».
IT/ Le modèle libanais
 Abbas Halabi, pour sa part,  met en évidence l’attachement de Michel Eddé « au modèle libanais » comme « solution » à toute « assabiya » communautaire, pour peu que ce modèle soit bien géré.

Il fait également référence à  son attachement aux leçons de l’histoire, en particulier  au souvenir douloureux de la chute de Constantinople.
« Ce n’est pas par e
xclusivisme communautaire que Michel Eddé s’attache aujourd’hui à rassembler les  maronites du monde de l’émigration, mais par souci  de préserver la particularité du Liban et son tissu social multiconfessionnel, menacé, et son cachet de patrie », explique-t-il.

« Pour Michel Eddé, le Liban n’est pas un hôtel où on loge en touriste . Bien plus,  les chrétiens sont une composante authentique et essentielle de la nation libanaise, et c’est le point de départ qui pousse Michel Eddé à agir, le fondement de sa pensée et de son action, ce qui justifie  beaucoup de ses choix. »

IT/ Un maronite pour le Liban
« Maronite attaché à son identité et à l’entité libanaise, ouvert à l’arabisme et à la cause palestinienne, voilà Michel Eddé, conclut Mme Hraoui. Que ce soit  comme ministre,  comme président de la Ligue maronite  ou aujourd’hui comme président de la Fondation maronite dans le monde, il œuvre toujours à resserrer les liens entre les maronites et le Liban , ainsi que leur engagement  à la vie  commune ;  il a également œuvré, au cours de sa longue carrière,  politique, à  raviver le dialogue islamo-chrétien et à enraciner  une unité nationale éclairée, ainsi qu’une paix civile  basée sur l’acceptation de l’autre , le refus de la violence, en parole et en actes, et le respect absolu des libertés ».
 
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