L’ambassadeur de France, Bruno Foucher, a remis au nom du président Emmanuel Macron les insignes de chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur à M. Makram Sader, secrétaire général de l’Association des banques. La cérémonie a eu lieu à la Résidence des Pins en présence de nombreuses personnalités, dont notamment l’ancien ministre cheikh Michel el-Khoury, président de la Société des membres de la Légion d’honneur au Liban (SMLH), et M. Joseph Torbey, président de l’Association des banques.
Dans son discours prononcé à cette occasion, l’ambassadeur de France a retracé le parcours universitaire et professionnel de M. Sader, soulignant que celui-ci a suivi ses études supérieures entre le Liban et la France, à l’Université Saint-Joseph, à l’Université de Lyon puis de Grenoble, dans le domaine des sciences économiques, précisant que M. Sader « est un spécialiste reconnu dans le domaine des sciences économiques, notamment au Moyen-Orient ». Il a commencé sa carrière au Centre d’études et de recherches sur le Moyen-Orient contemporain (CERMOC) de 1980 à 1984, a indiqué M. Foucher. Le gouvernement libanais a ensuite fait appel à sa connaissance et sa maîtrise de la matière économique et financière pour participer en 1999 à l’élaboration du plan quinquennal de redressement financier du Liban.
En 1991, il est nommé au poste de secrétaire général de l’Association des banques du Liban, dont il est « la cheville ouvrière et l’un des grands artisans de sa renommée », a déclaré M. Foucher.
Et l’ambassadeur de France d’ajouter : « Francophone et francophile, vous êtes resté particulièrement attaché à la langue française, ce qui n’est pas si fréquent dans un milieu où la langue de travail est très souvent l’anglais. Vous contribuez donc directement au rayonnement de la France, de sa culture et de sa langue au Liban et au Moyen-Orient. Chacun peut et doit vous en être reconnaissant. »
Prenant à son tour la parole, M. Sader a souligné qu’il a passé son enfance dans un environnement culturel francophone, « circonstance déjà étonnante pour un enfant originaire du petit village de Aïn Ebel, situé bien loin de Beyrouth et du Mont-Liban et à proximité de la Palestine ». C’est dans ce village en 1870, bien avant la déclaration du Grand Liban par le général Gouraud, qu’on a vu arriver les premiers missionnaires français de la Compagnie de Jésus, suivis des religieuses mariamites devenues les sœurs des Saints-Cœurs, a indiqué M. Sader. Tout comme ses grands frères, ses grands-parents et ses arrières grands-parents, Makram Sader fera ses études dans l’école des Saints-Cœurs, aujourd’hui mixte et pluriconfessionnelle. Sa famille, les Khoury-Sader, était en relation continue avec les Orientalistes et les archéologues français. En 1925, les notables du village, dont le grand-père de M. Sader, ont adressé une pétition exprimant leur volonté d’adhérer au Grand Liban, refusant l’annexion de leur région à la Palestine, alors sous mandat britannique. Ils s’étaient aussi opposés en 1920 à l’allégeance à l’État arabe du prince Faycal à Damas, a relevé M. Sader dans son allocution.
Évoquant en outre la situation présente, M. Sader a souligné que « le sauvetage est toujours possible », affirmant qu’« il s’agirait d’abord de mettre en œuvre les engagements initiés par le gouvernement libanais à la conférence de Paris, CEDRE ». « Nous devrions œuvrer, ensuite, à corriger les inégalités de distribution des revenus qui minent à la fois et la croissance économique et la stabilité sociale du pays, a-t-il ajouté. Il faudrait, enfin, entreprendre une restructuration du secteur des entreprises tant privées que publiques pour améliorer la productivité du travail et la compétitivité de l’économie sur les marchés domestiques et internationaux. »
Et M. Sader de poursuivre : « Quant au financement qui se fait actuellement anormalement à plus de 80 % par recours au crédit bancaire, nous devrions l’orienter vers un financement équilibré s’appuyant sur les trois piliers classiques : le marché des capitaux, le marché obligataire et les prêts bancaires (…). Au préalable, il s’agirait de faire éclater la structure familiale des entreprises. Cela permettrait une ouverture du capital et obligerait les entreprises à une plus grande gouvernance et au respect des droits des minoritaires. »
M. Sader a terminé son intervention par une citation de Karl Popper, « l’optimisme est une obligation morale » et d’Amin Maalouf, « le pire n’est pas certain ».