C'est au cours d'une cérémonie en grande pompe, à laquelle ont assisté des milliers de Libanais et de nombreuses personnalités politiques, religieuses et diplomatiques, que le Liban a fait son dernier adieu au cardinal Nasrallah Boutros Sfeir, "combattant sans armes" qui était "prêt malgré tout à porter la croix" du pays du Cèdre.
Le patriarche émérite, a été décoré par le chef de l’État, Michel Aoun, de la médaille de "Première classe" de l'ordre du mérite libanais. Après la récitation de l'office des morts, l'oraison funèbre du patriarche maronite Mgr Béchara Raï et le dernier hommage du représentant pontifical, le cardinal Leonardo Sandri, Nasrallah Sfeir a rejoint le lieu de son repos éternel, dans le cimetière patriarcal, à l'entrée du site de Bkerké, alors que la chorale entonnait "la gloire du Liban lui a été donnée".
Mgr Sfeir, qui aurait eu 99 ans mercredi, avait été élu en 1986 chef de l’Église maronite, la plus grosse communauté chrétienne du Liban, alors déchiré par la guerre civile. "Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient", il avait été nommé cardinal de l’Église catholique en 1994 par le pape Jean-Paul II. Il avait présenté sa démission au Vatican en 2011 à l'âge de 90 ans. Il était connu pour son opposition farouche à la présence syrienne au Liban, de la fin de la guerre civile jusqu'en 2005 et pour son engagement en faveur de la réconciliation entre druzes et chrétiens.
"Le combattant sans armes"
Dans son oraison funèbre, Mgr Raï est brièvement revenu sur les grandes étapes de la vie du cardinal Sfeir, depuis sa naissance à Reyfoun en 1920, avant de déclarer que le cardinal Sfeir était aujourd'hui "élevé par Dieu vers les cieux éternels". Comparant le cardinal Sfeir au bon berger de l’Évangile, Béchara Raï a déclaré que son prédécesseur était "le patriarche de fer et de pierre, celui de la seconde indépendance, de la réconciliation nationale, le combattant sans armes, le résistant, un réel exemple pour la nation". "Il parlait peu, mais agissait beaucoup", a-t-il souligné, saluant sa dévotion et le fait qu'"il donnait sans rien demander pour lui-même". "Il a été élu patriarche sans avoir jamais demandé à occuper une telle position, mais était prêt malgré tout à porter la croix du Liban", a-t-il indiqué. Et de poursuivre : "Le patriarche Sfeir a toujours œuvré à abattre les barrières, reconstruire l’État, resserrer les liens de l'unité nationale et renforcer le vivre-ensemble, qu'il considérait comme le joyau du Liban". Nasrallah Sfeir a "comblé le vide laissé par les responsables politiques et résisté contre la présence de forces étrangères. Sa devise était +la liberté, la souveraineté et l'indépendance+", a affirmé Mgr Raï.
Le patriarche en exercice s'est également longuement attardé sur les réalisations accomplies par son prédécesseur pour l’Église maronite, rappelant que Mgr Sfeir a notamment "établi plusieurs nouvelles paroisses" et fondé plusieurs organisations, notamment en faveur de la diaspora libanaise.
Mgr Raï a encore salué le grand mouvement populaire qu'a provoqué l'annonce du décès du cardinal Sfeir au Liban, "le seul pays de la région où vivent sur un pied d'égalité les musulmans et les chrétiens". "Aujourd'hui, la mort du patriarche Sfeir, une réelle perte nationale, nous a tous rassemblés", a-t-il lancé, estimant que le "témoignage le plus parlant" de ce phénomène était le nombre de délégations venues présenter leur condoléances, toutes les prières en sa mémoire prononcées depuis dimanche matin et les nombreux signes érigés le long des routes du pays, pour lui dire adieu." Et de conclure : "Mgr Sfeir nous a quittés, mais il continue à nous accompagner depuis les Cieux".
"Grande figure de l'histoire du Liban"
Prononçant à son tour un discours au nom du pape François, le préfet de la Congrégation pontificale pour les Églises orientales, le cardinal Leonardo Sandri, a affirmé que le patriarche Sfeir, "ardent défenseur de la souveraineté et de l’indépendance de son pays, restera une grande figure de l’histoire du Liban". Après avoir présenté, au nom du pape, ses condoléances à la famille du cardinal Sfeir et "à tous les fidèles de l’Église maronite que Mgr Sfeir gouverna de nombreuses années avec autant de douceur que de détermination", Mgr Sandri a qualifié le patriarche émérite d'"homme libre et courageux, qui fut un artisan déterminant de rassemblement, de paix et de réconciliation". "Ardent défenseur de la souveraineté et de l’indépendance de son pays, il restera une grande figure de l’histoire du Liban, a-t-il ajouté. Je demande au Père de toute miséricorde d’accueillir dans sa demeure de paix et de lumière ce Pasteur sage et engagé qui a su manifester l’amour de Dieu au peuple qui lui avait été confié".
Le président de la République, Michel Aoun, le président du Parlement, Nabih Berry, et le Premier ministre, Saad Hariri, étaient présents au premier rang de la cérémonie, entourés de nombreuses personnalités, libanaises et internationales. Parmi les responsables étrangers se trouvaient notamment le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, le ministre d’État qatari Hamad ben Abdel Aziz Kawari, ainsi que l'ambassadeur saoudien Walid Boukhari, représentant le roi Salmane, et une délégation dépêchée par Amman. Etaient également présents, le sous-secrétaire d’État américain aux Affaires politiques, David Hale, et des représentants du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et de Chypre Nikos Anastasiades.
"Le cardinal Sfeir avait montré la voie"
"Je suis venu aujourd’hui au Liban pour apporter les condoléances du président Macron et du peuple français aux autorités religieuses, au cardinal Raï et à la communauté maronite, aux autorités libanaises et au peuple libanais. Condoléances après le départ du patriarche Sfeir qui était un personnage considérable. Il a été d’abord un homme d’église. Il était très attaché à la place des chrétiens dans la communauté libanaise mais plus globalement au Moyen-Orient, au respect de ce qu’ils sont. Vous connaissez l’attachement de la France aux chrétiens d’Orient", a déclaré M. Le Drian. Et de poursuivre : "Et puis c’était aussi un patriote puisqu’il affirmait régulièrement la nécessité d’un Liban indépendant, d’un Liban souverain, d’un Liban uni. C’est aussi ce que pense la France. Et puis enfin c’était un homme de paix puisqu’il a été tout au long de sa vie un artisan de la réconciliation nationale libanaise. C’était aussi un ami de la France. Pour toutes ces raisons je tenais à être là aujourd’hui pour représenter le Président Macron et pour dire aux Libanais que la France est toujours présente dans les moments heureux mais aussi dans les moments difficiles et aujourd’hui dans ce moment de deuil que nous tenions à respecter ici sur place".
"L’indépendance, la stabilité et la sécurité du Liban sont un impératif incontournable. C’est pour ça que le cardinal Sfeir avait montré la voie. Il faut que l’ensemble des formations politiques libanaises qui ont la charge de ce très beau pays suive son chemin, a poursuivi le diplomate français. La France sera toujours au rendez-vous. Ce rendez-vous est aussi sur la base de ce que nous avons initié ensemble à la conférence CEDRE et qui donne les moyens au Liban de se redresser, et de retrouver la voie de la sérénité et de l’unité. Nous sommes prêts à ce rendez-vous et je souhaite que les Libanais le soient aussi".
M. Le Drian a par la suite été reçu par le président Aoun et lui a présenté ses condoléances.
Étaient également présents les anciens présidents Michel Sleiman et Amine Gemayel, l'ex-Premier ministre libanais Fouad Siniora, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, et son épouse la députée Sethrida Geagea, le chef du courant des Marada, Sleiman Frangié, le chef des Kataëb, Samy Gemayel, et de nombreux ministres, députés, ambassadeurs, ainsi que des représentants des différentes communautés libanaises et des forces armées.
Avant l'oraison, le cercueil contenant la dépouille du cardinal Sfeir a été déplacé de l'église où il reposait depuis la veille jusqu'à l'autel installé sur le parvis, lors d'une procession passant parmi les fidèles et menée par Mgr Raï. Ce cercueil était différent de celui réalisé par le sculpteur libanais Rudy Rahmé dans lequel la dépouille de Mgr avait été présentée mercredi au public
C'est au cours d'une cérémonie en grande pompe, à laquelle ont assisté des milliers de Libanais et de nombreuses personnalités politiques, religieuses et diplomatiques, que le Liban a fait son dernier adieu au cardinal Nasrallah Boutros Sfeir, "combattant sans armes" qui était "prêt malgré tout à porter la croix" du pays du Cèdre.
Le patriarche émérite, a été décoré par le chef de l’État, Michel Aoun, de la médaille de "Première classe" de l'ordre du mérite libanais. Après la récitation de l'office des morts, l'oraison funèbre du patriarche maronite Mgr Béchara Raï et le dernier hommage du représentant pontifical, le cardinal Leonardo Sandri, Nasrallah Sfeir a rejoint le lieu de son repos éternel, dans le cimetière patriarcal, à l'entrée du site de Bkerké, alors que la chorale entonnait "la gloire du Liban lui a été donnée".
Mgr Sfeir, qui aurait eu 99 ans mercredi, avait été élu en 1986 chef de l’Église maronite, la plus grosse communauté chrétienne du Liban, alors déchiré par la guerre civile. "Patriarche d'Antioche et de tout l'Orient", il avait été nommé cardinal de l’Église catholique en 1994 par le pape Jean-Paul II. Il avait présenté sa démission au Vatican en 2011 à l'âge de 90 ans. Il était connu pour son opposition farouche à la présence syrienne au Liban, de la fin de la guerre civile jusqu'en 2005 et pour son engagement en faveur de la réconciliation entre druzes et chrétiens.
"Le combattant sans armes"
Dans son oraison funèbre, Mgr Raï est brièvement revenu sur les grandes étapes de la vie du cardinal Sfeir, depuis sa naissance à Reyfoun en 1920, avant de déclarer que le cardinal Sfeir était aujourd'hui "élevé par Dieu vers les cieux éternels". Comparant le cardinal Sfeir au bon berger de l’Évangile, Béchara Raï a déclaré que son prédécesseur était "le patriarche de fer et de pierre, celui de la seconde indépendance, de la réconciliation nationale, le combattant sans armes, le résistant, un réel exemple pour la nation". "Il parlait peu, mais agissait beaucoup", a-t-il souligné, saluant sa dévotion et le fait qu'"il donnait sans rien demander pour lui-même". "Il a été élu patriarche sans avoir jamais demandé à occuper une telle position, mais était prêt malgré tout à porter la croix du Liban", a-t-il indiqué. Et de poursuivre : "Le patriarche Sfeir a toujours œuvré à abattre les barrières, reconstruire l’État, resserrer les liens de l'unité nationale et renforcer le vivre-ensemble, qu'il considérait comme le joyau du Liban". Nasrallah Sfeir a "comblé le vide laissé par les responsables politiques et résisté contre la présence de forces étrangères. Sa devise était +la liberté, la souveraineté et l'indépendance+", a affirmé Mgr Raï.
Le patriarche en exercice s'est également longuement attardé sur les réalisations accomplies par son prédécesseur pour l’Église maronite, rappelant que Mgr Sfeir a notamment "établi plusieurs nouvelles paroisses" et fondé plusieurs organisations, notamment en faveur de la diaspora libanaise.
Mgr Raï a encore salué le grand mouvement populaire qu'a provoqué l'annonce du décès du cardinal Sfeir au Liban, "le seul pays de la région où vivent sur un pied d'égalité les musulmans et les chrétiens". "Aujourd'hui, la mort du patriarche Sfeir, une réelle perte nationale, nous a tous rassemblés", a-t-il lancé, estimant que le "témoignage le plus parlant" de ce phénomène était le nombre de délégations venues présenter leur condoléances, toutes les prières en sa mémoire prononcées depuis dimanche matin et les nombreux signes érigés le long des routes du pays, pour lui dire adieu." Et de conclure : "Mgr Sfeir nous a quittés, mais il continue à nous accompagner depuis les Cieux".
"Grande figure de l'histoire du Liban"
Prononçant à son tour un discours au nom du pape François, le préfet de la Congrégation pontificale pour les Églises orientales, le cardinal Leonardo Sandri, a affirmé que le patriarche Sfeir, "ardent défenseur de la souveraineté et de l’indépendance de son pays, restera une grande figure de l’histoire du Liban". Après avoir présenté, au nom du pape, ses condoléances à la famille du cardinal Sfeir et "à tous les fidèles de l’Église maronite que Mgr Sfeir gouverna de nombreuses années avec autant de douceur que de détermination", Mgr Sandri a qualifié le patriarche émérite d'"homme libre et courageux, qui fut un artisan déterminant de rassemblement, de paix et de réconciliation". "Ardent défenseur de la souveraineté et de l’indépendance de son pays, il restera une grande figure de l’histoire du Liban, a-t-il ajouté. Je demande au Père de toute miséricorde d’accueillir dans sa demeure de paix et de lumière ce Pasteur sage et engagé qui a su manifester l’amour de Dieu au peuple qui lui avait été confié".
Le président de la République, Michel Aoun, le président du Parlement, Nabih Berry, et le Premier ministre, Saad Hariri, étaient présents au premier rang de la cérémonie, entourés de nombreuses personnalités, libanaises et internationales. Parmi les responsables étrangers se trouvaient notamment le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, le ministre d’État qatari Hamad ben Abdel Aziz Kawari, ainsi que l'ambassadeur saoudien Walid Boukhari, représentant le roi Salmane, et une délégation dépêchée par Amman. Etaient également présents, le sous-secrétaire d’État américain aux Affaires politiques, David Hale, et des représentants du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et de Chypre Nikos Anastasiades.
"Le cardinal Sfeir avait montré la voie"
"Je suis venu aujourd’hui au Liban pour apporter les condoléances du président Macron et du peuple français aux autorités religieuses, au cardinal Raï et à la communauté maronite, aux autorités libanaises et au peuple libanais. Condoléances après le départ du patriarche Sfeir qui était un personnage considérable. Il a été d’abord un homme d’église. Il était très attaché à la place des chrétiens dans la communauté libanaise mais plus globalement au Moyen-Orient, au respect de ce qu’ils sont. Vous connaissez l’attachement de la France aux chrétiens d’Orient", a déclaré M. Le Drian. Et de poursuivre : "Et puis c’était aussi un patriote puisqu’il affirmait régulièrement la nécessité d’un Liban indépendant, d’un Liban souverain, d’un Liban uni. C’est aussi ce que pense la France. Et puis enfin c’était un homme de paix puisqu’il a été tout au long de sa vie un artisan de la réconciliation nationale libanaise. C’était aussi un ami de la France. Pour toutes ces raisons je tenais à être là aujourd’hui pour représenter le Président Macron et pour dire aux Libanais que la France est toujours présente dans les moments heureux mais aussi dans les moments difficiles et aujourd’hui dans ce moment de deuil que nous tenions à respecter ici sur place".
"L’indépendance, la stabilité et la sécurité du Liban sont un impératif incontournable. C’est pour ça que le cardinal Sfeir avait montré la voie. Il faut que l’ensemble des formations politiques libanaises qui ont la charge de ce très beau pays suive son chemin, a poursuivi le diplomate français. La France sera toujours au rendez-vous. Ce rendez-vous est aussi sur la base de ce que nous avons initié ensemble à la conférence CEDRE et qui donne les moyens au Liban de se redresser, et de retrouver la voie de la sérénité et de l’unité. Nous sommes prêts à ce rendez-vous et je souhaite que les Libanais le soient aussi".
M. Le Drian a par la suite été reçu par le président Aoun et lui a présenté ses condoléances.
Étaient également présents les anciens présidents Michel Sleiman et Amine Gemayel, l'ex-Premier ministre libanais Fouad Siniora, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, et son épouse la députée Sethrida Geagea, le chef du courant des Marada, Sleiman Frangié, le chef des Kataëb, Samy Gemayel, et de nombreux ministres, députés, ambassadeurs, ainsi que des représentants des différentes communautés libanaises et des forces armées.
Avant l'oraison, le cercueil contenant la dépouille du cardinal Sfeir a été déplacé de l'église où il reposait depuis la veille jusqu'à l'autel installé sur le parvis, lors d'une procession passant parmi les fidèles et menée par Mgr Raï. Ce cercueil était différent de celui réalisé par le sculpteur libanais Rudy Rahmé dans lequel la dépouille de Mgr avait été présentée mercredi au public