C'est par une courte cérémonie, haute en symbole, que l'attentat du Drakkar a été commémoré cette année devant le monument aux morts de la Résidence des Pins. Trente-trois ans après l'opération-suicide du 23 octobre 1983 contre le poste Drakkar à Ramlet el-Baïda, occupé alors par le contingent français de la Force multinationale à Beyrouth, le souvenir reste vif. La minute de silence observée à la mémoire des victimes, la Marseillaise, puis la lecture solennelle des noms des 58 caporaux et parachutistes français tués, s'achevant sur la déclaration « Tous sont morts pour la France », continuent d'émouvoir Français et Libanais présents à la cérémonie. Ces soldats sont décrits comme des artisans de paix, dont la relève est aujourd'hui assurée par les soldats français de la Finul.
Présidant la cérémonie, l'ambassadeur de France Emmanuel Bonne a passé en revue les troupes du détachement du contingent français de la Finul, avant de remettre la Légion d'honneur à deux officiers qui se sont investis dans le renforcement du partenariat militaire franco-libanais : le colonel Christian Herrou, qui dirige depuis février la mission française de défense au Liban, et le général de brigade Maroun Hitti, récemment retraité, qui a été sous-chef aux plans des forces armées libanaises.
La ceremonie s’est tenue en presence du President Hussein Husseini, le Député Ibrahim Kanaan, le president de la Societe des Membres de la Legion d’Honneur- Liban(SMLH) l’ancien ministre Cheikh Michel Khoury, le secretaire general de la SMLH et conseiller de presse aupres de la Presidence de la Republique M. Rafic Chlala ainsi que des membres de la SMLH, et des ambassadeurs. Dans une allocution de circonstance, en marge du cocktail ayant suivi la cérémonie M. Bonne a valorisé chez le colonel Herrou « son engagement pour la paix ». Il a décrit en outre le général Hitti comme un « grand officier libanais, grand Libanais et grand ami de la France », fort de son « patriotisme, son abnégation et son courage, non seulement dans la défense de son pays, mais aussi dans la défense de ses causes, à savoir la liberté (en atteste sa contribution au Tribunal spécial pour le Liban) et la sécurité (le général Hitti a suivi de près la mise en œuvre des aides étrangères à l'armée, visant à optimiser la protection des frontières) ».
En filigrane du discours de l'ambassadeur, « l'engagement de la France pour le Liban », dont la Finul est encore l'expression. Un engagement consolidé par « la mémoire de nos sacrifices, de notre douleur et de notre deuil (...) qui nous oblige à toujours prendre le parti de la paix, de la stabilité et de la sécurité ». Dans ce cadre, devant une assistance marquée par la présence de l'ambassadrice des États-Unis, Elizabeth Richard, M. Bonne a également salué la mémoire des 241 marines américains tués à Beyrouth dans un attentat survenu contre le siège du contingent américain, quelques minutes avant l'attentat du Drakkar.
Se souvenir de cet attentat, c'est se souvenir aussi de la longue amitié libano-française, que le général Hitti a résumée en ces mots: « Ceux qui sont morts pour la France au Liban sont morts aussi pour le Liban. » Évoquant son « amour pour la France, pays de la liberté », le général Hitti s'est dit honoré de sa décoration. « Cet honneur, je le défendrai... » a-t-il ajouté, citant Victor Hugo. En « véritable soldat (qui) ne va jamais à la retraite », il s'est exprimé avec l'enthousiasme de celui qui aurait découvert en lui « un été invincible » ...
