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La France honore Francois Abi Saab
2015-10-30
Le Tout-Beyrouth politique, diplomatique et mondain – parmi lequel de hautes personnalités – s'est bousculé hier à la Résidence des Pins pour assister à la cérémonie de remise, par l'ambassadeur de France, Emmanuel Bonne, des insignes d'officier de l'ordre national de la Légion d'honneur à François Abi Saab. Et ce à l'issue de « 46 ans, 6 mois et 16 jours » de bons et loyaux services de l'ancien attaché de presse et chef de protocole à l'ambassade de France. Une période durant laquelle il a non seulement « servi dix-neuf ambassadeurs de France au Liban », mais « servi avec passion la France au Liban et le Liban à travers la France ».

 
Tout en émotion, parfois grave, souvent parsemée d'humour, la cérémonie, qui a vu la présence du ministre du Tourisme, Michel Pharaon, représentant le Premier ministre Tammam Salam, les ministres: Segaan Azzi, Nabil de Freije, Mohammad Machnouk, Raymond Arayji, Ramzi Greige, l'ancien ministre Michel Edde (president honoraire de la SMLH- Liban), Sheikh Michel El Khoury (President de la SMLH-LIban), M. Rafic Chlala (Secretaire General de la SMLH-Liban), des députés Libanais, l'ancien ambassadeur de France, René Ala, a été maintes fois interrompue par les applaudissements nourris d'une assistance heureuse de saluer à sa manière le parcours professionnel de M. Abi Saab, ce proche, cet ami, ce confrère, ce collègue, cet interlocuteur, cet homme de dialogue.

Un être d'exception
« Il me revient le grand honneur de vous remettre les insignes d'officier dans l'ordre national de la Légion d'honneur que le président de la République, Monsieur François Hollande, a décidé de vous attribuer pour vous exprimer sa reconnaissance au terme d'une carrière entièrement consacrée au service de la France au Liban. » C'est par ces mots que l'ambassadeur de France, Emmanuel Bonne, a lancé son discours, relatant la carrière, l'engagement et les qualités de « l'homme d'exception ».

« Dix-neuf ambassadeurs de France avant moi ont pu compter sur votre engagement, votre talent, votre enthousiasme et votre savoir-faire. Mais voilà que j'arrive à Beyrouth et que vous quittez l'ambassade. Je sais que vous serez toujours là pour la France », a-t-il souligné. Avant de saluer tour à tour « le grand Libanais, généreux, hospitalier, cultivé, fier »... mais aussi « le grand Français (...) qui porte en lui les valeurs de la République et se dévoue à la cause de son pays, dans son pays, avec une loyauté (...) et une efficacité jamais démenties ».

M. Bonne s'est penché sur les années de guerre, rappelant « les risques » pris par François Abi Saab, notamment l'organisation de convois entre l'Est et l'Ouest, l'évacuation des Français vers Damas en 1976. « La même année, vous sauvez le président Élias Sarkis d'un grave danger et êtes blessé en traversant la ligne de démarcation », a-t-il souligné.


L'ambassadeur de France n'a pas manqué de rappeler l'attitude « exemplaire » de l'ancien attaché de presse, lors de l'invasion israélienne de 1982, non seulement pour l'évacuation des Français, puis des Palestiniens, mais son « refus de la loi de l'occupant » israélien, sans oublier sa « préoccupation pour le sort du patrimoine français au Liban », et plus particulièrement de la Résidence des Pins, « sous les bombardements ».

François Abi Saab était là aussi le 13 octobre 1990, à « l'arrivée du général Aoun dans les locaux de l'ambassade de France à Mar Takla ». Intarissable, l'ambassadeur a fait part de la reconnaissance de la République à l'égard de François Abi Saab qui est fait chevalier dans l'ordre national du Mérite en 1993, intégré au sein du corps diplomatique français en 1994, et nommé chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur en 2006.

C'est sur une note affectueuse qu'Emmanuel Bonne a clôturé son allocution, saluant « la personnalité chaleureuse » et « l'humour » de l'ancien chef du protocole. « Nous avons pour vous une grande admiration, une grande reconnaissance, une grande affection », a-t-il assuré, avant de rendre hommage, par la même occasion, à l'épouse de François Abi Saab, Gaby.

Témoin de tragédies et de moments de joie
La voix chargée d'émotion, M. Abi Saab a d'abord tenu à exprimer sa reconnaissance à ses médecins qui l'ont sauvé de la mort, en avril dernier. Il a alors raconté sa passion au service de la France et du Liban, sa vie professionnelle aussi, souvenirs à l'appui, au cours de laquelle il a été « témoin de moments de joie, de bonheur, mais aussi de soulèvements, de tragédies (...) durant la dure épreuve qu'a connue le Liban... ». « Le souvenir de Monsieur Couve de Murville délégué par la France à l'automne 1975, recevant dans ces salons toutes les personnalités politiques libanaises, (...) afin de les exhorter à prendre conscience du danger qui guette le pays du Cèdre si elles se donnent au jeu de certains régimes, et permettent que le Liban devienne le champ de règlement de conflits régionaux... », a-t-il rappelé. « Quelques mois plus tard, en mai 1976, je conduisais vers Damas le premier convoi des Français à évacuer vers la France, et que d'évacuations ont suivi ! »

François Abi Saab n'a pas oublié les victimes françaises qui sont tombées au Liban durant la guerre, les soldats tombés lors de l'attaque du Drakkar, le diplomate Louis Delamare, assassiné quelques minutes seulement après qu'il l'eut quitté. « Je fus le premier témoin à voir Dany, Ingrid, Julian et Tarek Chamoun assassinés », a-t-il dit d'une voix étouffée.
Il n'a pas non plus oublié l'assassinat du président René Moawad qu'il a dû annoncer à l'ambassadeur René Ala et celui du Premier ministre Rafic Hariri, qu'il a dû annoncer à l'ambassadeur Bernard Émié. Fort heureusement, le parcours de François Abi Saab a également été ponctué de moments de joie, de bonheur et de satisfaction, notamment lors de son « adoption sentimentale de la cédraie de Bécharré ». « Je me permettrai de rappeler très humblement ma fierté d'avoir été à l'origine de l'idée de la création de l'ESA... », a-t-il aussi souligné.


« Je suis heureux de dire que j'ai donné toute ma vie à la France, de dire que je l'ai servie avec loyauté, bonheur et fierté », a reconnu François Abi Saad. Et le détenteur des insignes d'officier de l'ordre national de la Légion d'honneur de rendre hommage aux siens qui l'ont soutenu, ses parents, sa marraine, mais aussi et surtout son épouse Gaby, sa compagne de 30 ans. Avant de dire sa profonde affection à tous ceux qu'il a croisés durant sa carrière. « Cet amour pour la France, pour ses êtres chers, pour cet idéal, pour ceux des nôtres qui sont morts, pour ceux aux côtés desquels j'ai servi, est un immense privilège. C'est aussi un honneur », a-t-il conclu.
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